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clature et du numérotage des maisons. Dans ce dédale immense, on a mis le fil d’Ariane à la portée de tous. Nous n’en sommes plus au temps où les adresses étaient tellement compliquées et confuses qu’elles restaient énigmatiques ; j’ai celle-ci sous les yeux : « Monsieur Vatel, mercier à l’Y, rue Payenne, au droit de la rue du Parc-Royal, proche le grand mur des Filles bleues. » Cette amélioration, si simple, d’indiquer chaque maison par un numéro, de prendre le cours de la Seine comme point de départ, de consacrer le côté droit de la rue à la numérotation paire et le côté gauche à la numérotation impaire, a rencontré dès le principe une très-vive opposition et ne date en réalité que du décret impérial du 4 février 1805. On avait cependant essayé, dès le mois de janvier 1726, d’imposer le numérotage ; plus tard, Sartines avait insisté de nouveau, mais tous les efforts de la lieutenance de police s’étaient brisés contre le mauvais vouloir et les prétentions des propriétaires, qui trouvaient fort naturel que l’on numérotât les portes bâtardes, mais estimaient que leurs portes cochères devaient échapper au droit commun. Vanité d’inégalité poussée jusqu’à la sottise et que la Commune de Paris devait surpasser plus tard en sens inverse, lorsqu’elle décrétait la démolition des clochers, « dont l’élévation blessait le principe d’égalité. »

La Révolution exigea le numérotage des maisons ; mais quel numérotage et quelle confusion ! Chaque section fut laissée libre d’agir à sa guise ; une seule suite de numéros pour toute la section ; on arrivait aux nos 1 500 et 2 000. Dans un rapport de police du 2 messidor an IV (20 juin 1795), on lit : « Le nommé Picard, demeurant rue Montmartre, no 682, a été conduit hier à l’hospice de l’Humanité ; il était tombé de besoin, rue de la Loi, en face de celle de Ménars. » Les inconvénients d’un tel système sautent aux yeux ; les adminis-