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des Moulins ; des centaines de millions n’auraient point suffi à réaliser cette conception excessive. Quel parti va-t-on prendre ? Si l’on veut maintenir l’avenue commencée au niveau que l’on a adopté, on creusera une sorte de canal, surplombé par des terrains en remblai, sur lesquels il faudra construire des ponts pour mettre les rues en communication, comme on a été obligé de faire rue du Rocher, rue de Lourcine et ailleurs ; ce serait hideux, fort mal commode et nuisible à tout le quartier. Il vaudrait mieux se résigner à une pente adoucie, semblable à celle que nous avons sur les boulevards Saint-Denis et Saint-Martin ; de cette façon on éviterait une trop grosse dépense et l’on ne porterait pas préjudice aux maisons riveraines, qu’il serait toujours facile d’atteindre à l’aide d’un trottoir à degrés.

Quelle que soit la résolution que l’on attend, il est urgent, là aussi, de reprendre les travaux interrompus ; l’ouverture de l’Opéra l’exige, et il ne faut pas que l’on voie se renouveler les insupportables encombrements de voitures qui embarrassent les alentours du théâtre des Italiens. De plus, cette avenue est un débouché indispensable pour le faubourg Saint-Germain, qui, lorsqu’il pénètre dans la ville de la rive droite, en est réduit à aller chercher la rue Royale ou à se contenter de la rue Richelieu, dont la largeur, manifestement insuffisante, est une cause perpétuelle d’accidents que tout le zèle des sergents de ville ne parvient pas à empêcher. La rue que l’on compte ouvrir à travers le jardin des Tuileries[1], de façon à mettre le pont de Solférino en relation directe avec la rue de Castiglione, facilitera, sans aucun doute, la circulation entre les deux rives de la Seine ; mais dans une ville comme Paris on

  1. Une délibération du conseil municipal de Paris, en date du 21 avril 1875, détermine les conditions d’exécution de ce projet, qui est adopté en principe.