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pulation normale de Paris, mais beaucoup aussi se détachent de cette population nomade qui vient tenter fortune ici et représente un chiffre très-considérable.

En moyenne, le nombre des étrangers et des provinciaux qui arrivent chaque jour à Paris est de 2 305. Cette proportion est généralement dépassée. Ainsi, dans l’année 1872, qui fut une année médiocre où les affaires languissaient et pendant laquelle Paris n’offrait aucun attrait spécial, le mouvement des garnis a été de 908 400 entrées[1]. Les garnis se divisent en trois catégories distinctes, qui datent de loin, car on les retrouve indiquées dans un mémoire manuscrit de M. de Sartines, et qui fournissent de curieux renseignements sur la population qu’ils accueillent.

204 reçoivent des gens riches et sont situés dans les beaux quartiers avoisinant le boulevard des Italiens et la rue de Rivoli ; 1 593, placés dans les rues occupées par le négoce, donnent l’hospitalité aux petits commerçants ; enfin, les arrondissements annexés depuis 1860, les ruelles malsaines qu’on laisse encore subsister au cœur du vieux Paris, en renferment 7 951, qui donnent à loger aux ouvriers, aux domestiques sans place, aux vagabonds assez heureux pour avoir récolté trois ou quatre sous à la fin de leur journée. 3 312 garnis, où l’on paye plus d’un franc par jour, peuvent contenir 46 849 locataires ; 6 436 où l’on paye moins d’un franc par jour, peuvent en abriter 92 030. Le relevé des registres d’inscription, que tout propriétaire est astreint à tenir, prouve que la moyenne des locataires se modifie fort peu et accuse chaque jour un chiffre variable entre 136 et 137 000. Aux mêmes époques de l’année, la proportion est presque identique : présents aux gar-

  1. On appelle garni toute maison meublée où l’on reçoit transitoirement des locataires nomades : le Grand-Hôtel est un garni aussi bien que la plus humble auberge des quartiers excentriques.