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dance des demandes a rendue si rare que l’on est obligé d’aller aujourd’hui la chercher jusqu’en Chine. Les fleurs sont presque aussi courues que les chignons postiches ; 3 016 fleuristes suffisent à peine à satisfaire ce goût de la population, à laquelle, en 1873, on a livré près de six millions de bouquets de violettes.

Sur les 400 000 personnes auxquelles le commerce parisien fournit des moyens d’existence, on ne compte que 89 100 patrons ; les autres individus sont leurs employés, leurs domestiques ou leurs parents. Ce groupe est-il probe et fait-il, comme on dit, honneur à sa signature ? Oui, dans une notable proportion, car du 1er janvier au 31 décembre 1873 le tribunal de commerce n’a reçu que 1 862 déclarations de faillite. C’est déjà trop ; les mœurs américaines nous envahissent et, sous ce rapport, cela est déplorable. Jadis le commerce parisien, « les six corps, » comme l’on disait[1] était impitoyable ; coiffé du bonnet vert, le failli allait près du pilori des halles frapper trois fois de son corps nu le banc d’infamie ; sa veuve, si elle ne pouvait payer, jetait à son cadavre les clefs de la maison et le reniait pour « son homme ». Nous nous sommes fort adoucis à ce sujet. En 1869, deux maisons rivales se sont publiquement disputées à qui aurait fait banqueroute ; Paris les a vues annoncer la liquidation de leurs marchandises par des affiches où l’on pouvait lire : « Notre faillite seule est réelle ; celle d’à côté est simulée. »

Les professions qui se rattachent aux entreprises de transport, de crédit, de banque, de commission, assurent directement ou indirectement l’existence de 108 496 personnes. C’est à ce groupe qu’appartiennent les grandes transactions financières qui déterminent et fixent le crédit du pays ; 131 offices de banque avouables,

  1. Draperie, épicerie, mercerie, pelleterie, bonneterie, orfèvrerie.