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représentées, même l’agriculture, car entre les confins de l’ancienne ville et l’enceinte des fortifications on peut trouver 188 fermiers, 11 métayers et 151 propriétaires qui vivent sur leurs terres ou les cultivent. Ils disparaîtront dans un temps peu éloigné. Paris s’accroît sans cesse, et avant cinquante ans des maisons couvriront les champs où la charrue passe encore aujourd’hui.

Les transformations sont rapides et si radicales, qu’elles enlèvent tout souvenir des choses antérieures ; il n’y a pas plus de quinze années que des chèvres et des vaches broutaient les maigres pâturages où circulent aujourd’hui les rues du quartier de l’Europe ; des blanchisseuses tendaient leur linge sur l’emplacement où s’élève l’église Saint-Augustin, et les soldats faisaient l’exercice sur les terrains où passe le boulevard Malesherbes. Les exigences de la population ne se ralentissent pas ; que sont devenus les grands jardins que l’on voyait au début du règne de Louis-Philippe ? Ceux qui subsistent encore n’ont plus que des jours de grâce ; à la fin du siècle, Paris sera un immense pâté de maisons.

Autrefois le petit commerce occupait la majeure partie du peuple parisien ; il n’en est plus ainsi : l’admirable mouvement scientifique qui donnera au dix-neuvième siècle une place exceptionnelle dans l’histoire de l’humanité, a exercé une influence directe sur la population des grandes villes ; celle-ci, au lieu de se contenter des bénéfices relativement restreints offerts aux transactions commerciales, a été entraînée à courir les aventures de la production qui, à travers des risques souvent dangereux, assurent la fortune des hommes habiles et intelligents. Servie par un groupe de savants qui, du haut de la chaire de l’enseignement supérieur, laissent tomber des formules abstraites qu’elle a su recueillir et utiliser, l’industrie a envahi Paris. Les droits