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quartiers de Paris ; la cavalerie marchait en patrouilles retentissantes par escouades de cinq hommes. Cette organisation paraissait fort belle aux étrangers, et Mercy d’Argenteau fut, en 1771, chargé par Marie-Thérèse d’en demander le détail à Sartines. Nous en ririons aujourd’hui qu’elle a été remplacée, avec tant d’avantages, par notre garde républicaine et nos sergents de ville.

Choisie parmi d’anciens soldats dont les états de service sont irréprochables, tenue avec une discipline très-sévère, que la bonne conduite rend presque toujours inutile, cette garde urbaine n’est point aimée par la partie turbulente et émeutière de la population de Paris. Cela est naturel, car jamais le désordre n’a eu grande tendance pour la répression. Ces braves gens, doux avec un peuple dont ils connaissent les côtés gamins et gouailleurs, ont beau remplir leur devoir sans dureté ni mauvaise humeur, ils n’ont pu apprivoiser certains esprits prompts à mal faire qui voient en eux la personnification d’une autorité détestée. Dans les fêtes publiques, aux jours de revue et de gala, ils agissent envers la foule avec une prudence extrême ; n’importe, on leur en veut sans trop savoir pourquoi. Aussi le premier effort de toute révolution porte-t-il contre eux ; mais après chaque révolution on en augmente invariablement le nombre, car ils sont d’autant plus nécessaires que la population est plus troublée.

En 1830, on se faisait gloire de « descendre les gendarmes » ; en 1848, on brûla les gardes municipaux dans le poste de la place de la Concorde ; si en 1870 on n’assomma pas les gardes de Paris, c’est qu’on les réservait pour les avant-postes. En juillet 1830, on compte 2 108 gendarmes ; en février 1848, 2 760 gardes municipaux ; en septembre 1870, 3 722 gardes de Paris ; le décret du 4 octobre 1873 a réorganisé l’effectif du corps et l’a fixé à 4 014 officiers, sous-officiers, soldats, à 757