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les sacrifices que celle-ci ferait pour mériter leur dévouement.

Si les « gardes des pompes du roy » qu’ont connus nos ancêtres, se sont transformés en sapeurs-pompiers, les soldats du guet sont devenus la garde républicaine, qui avant 1870 était la garde de Paris, la garde municipale avant 1848 et la gendarmerie avant 1830. L’étiquette a changé, la fonction et l’excellent esprit de corps sont restés les mêmes. On a bien ri du guet jadis et on l’a souvent battu, lorsque nos rues à peine éclairées n’étaient que de longs couloirs obscurs. Il représentait une surveillance dérisoire. Que pouvait, dans cette ville immense embrouillée d’un écheveau de ruelles inextricables, que pouvait faire une force armée composée de 139 hommes, dont 39 à cheval et 100 à pied ? C’était tout le contingent de la troupe municipale à la solde de la prévôté des marchands. Le commandant de cette petite compagnie, le chevalier du guet[1], avait, rue Sainte-Opportune, un bel hôtel en pierre de taille datant du milieu du quatorzième siècle, et où nous avons connu la mairie de l’ancien quatrième arrondissement.

Un second corps de soldats, particulièrement nommé garde de Paris, concourait aussi à faire semblant de veiller à la sécurité de la ville et recevait directement les ordres du roi, à qui il appartenait. Il était divisé en trois compagnies d’ordonnance, dont deux d’infanterie, comprenant 784 hommes, et une de cavalerie, formant un contingent de 105 « maîtres ». La première compagnie, grosse de 268 hommes, gardait les portes et les ports ; la seconde, dans laquelle on comptait 516 soldats, occupait les postes disséminés dans les différents

  1. Le dernier chevalier du guet, nommé le 18 novembre 1788, fut M. de Rulhière ; il passa comme colonel au commandement de la gendarmerie à pied, organisée par décret du 18 juillet 1792 ; il défendit les Tuileries au 10 août, fut arrêté, incarcéré à la Force et massacré le 2 septembre.