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la Ville, appartiennent au ministère de la guerre ; ce ne sont point des agents spéciaux enrégimentés en vue de parer à un danger particulièrement redoutable, ce sont des soldats, rien que des soldats, soumis à tous les avantages et à tous les inconvénients de la loi militaire. La discipline stricte et méticuleuse y gagne peut-être, mais le but poursuivi est négligé, ou plutôt on poursuit deux buts à la fois, ce qui produit un résultat mauvais.

Comme pompier, le soldat est astreint à une éducation spéciale et longue ; l’exercice de la pompe et la gymnastique sont ses occupations principales ; comme soldat, le pompier doit apprendre le maniement des armes et l’école de peloton. La loi le maintient cinq ans sous les drapeaux et le congédie ; or il faut au moins quatre ans pour former un bon pompier ; dès qu’il a rompu son corps aux difficultés du gymnase, qu’il a acquis l’expérience de tous les dangers que peut présenter un incendie, on le renvoie dans ses foyers, et il est remplacé par une recrue à laquelle on doit tout enseigner, même à boucler sa ceinture. Pompier ou soldat, soldat ou pompier, il faut choisir ; s’ils restent l’un et l’autre, nous les verrons s’affaiblir sous l’incohérence de cette organisation nouvelle qui date de 1871, dépérir et devenir inutiles. — Qui trop embrasse mal étreint, dit notre vieille sagesse ; c’est là un proverbe qu’il est bon d’écouter.

Avec le système actuel on a des soldats médiocres et des pompiers insuffisants. L’ennemi qu’ils ont à combattre est sérieux, toujours menaçant, et exige toutes les forces, toutes les facultés d’un homme : leur arme particulière, c’est la pompe ; leur exercice indispensable, c’est la gymnastique ; toute autre arme est superflue, tout autre exercice les détourne de leur devoir et les rend moins aptes à remplir leur mission. La mesure par laquelle on leur a donné le fusil, et par la-