Au premier signal du clairon, ils coiffent le casque, se sanglent de la ceinture de sauvetage, s’attellent à leurs chariots de pompe toujours gréés, et partent au grand trot, plus vite que des chevaux percherons. Pendant les incendies de la Commune, ils ont accueilli dans leurs rangs tous les pompiers de France accourus pour sauver leur capitale. Malgré les services incessants qu’ils rendent, on ne leur épargne pas toujours des reproches immérités ; les nations étrangères s’en mêlent parfois, et nous donnent volontiers des conseils dont elles feraient bien de profiter elles-mêmes.
Au mois de novembre 1873, lorsque l’Opéra brûla comme un tas de vieilles boiseries et de vieux papiers peints qu’il était, les journaux anglais ne manquèrent pas de nous faire la leçon, et de nous dire qu’un pareil accident eût été promptement conjuré par les pompiers de Londres. Peu de temps après, l’incendie complet du Pantechnicon prouva qu’il était plus facile de blâmer nos sapeurs-pompiers que de les surpasser. Souvent nous-mêmes, mus par cet esprit de dénigrement pour nos institutions qui semble faire partie de notre caractère national, nous avons invoqué, comme un modèle, le système libre et plein de rivalités que les Anglais ont adopté pour se rendre maîtres des incendies ; or le Blue Book de 1867 contient les rapports d’une enquête parlementaire faite sur « le service de protection contre les incendies ». Voici ce que l’on y peut lire : « Lord Richard Grosvenor : Êtes-vous d’avis que le système de Paris soit supérieur au nôtre ? — Le capitaine Shaw : Je crois que l’organisation de Paris est supérieure à la nôtre ; mais elle est préventive et ne conviendrait pas à notre pays. »
Cette organisation, dont l’Angleterre ne nie pas la supériorité, est cependant vicieuse par un point que l’on doit signaler. Nos pompiers, payés en partie par