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l’utilité des pompes qu’il avait vues fonctionner en Hollande et en Angleterre, obtint, en 1699, du roi Louis XIV le droit privilégié d’en fabriquer et d’en vendre exclusivement pendant trois ans. Le roi en acheta douze de ses deniers et en fit cadeau à la ville de Paris. Ce fut là l’origine de nos pompiers, qui se sont naturellement substitués aux capucins, comme depuis longtemps les architectes et les ingénieurs s’étaient substitués aux frères pontifes dans la construction des ponts. La création réelle, ou, pour mieux dire, l’organisation « de la garde des pompes du roy », date du 23 février 1716 ; Sartines éleva le nombre des pompiers au chiffre de 160, et l’on crut alors avoir atteint une perfection qui ne serait jamais dépassée. Nous sommes loin de là aujourd’hui, car le corps des sapeurs-pompiers de la Ville est actuellement composé de 1 548 officiers, sous-officiers, soldats, et outillé de 239 pompes[1] ; il occupe, dans les divers quartiers de Paris, 9 casernes et 75 postes, dont 51 ne sont pas encore pourvus d’appareils télégraphiques[2]. 1 500 hommes pour tout Paris, ce n’est pas trop, si l’on songe que, bon an mal an, ils ont 600 incendies à combattre et 1 100 feux de cheminée à éteindre. Ils sont de service régulièrement dans tous les endroits qui offrent aux flammes un aliment facile ; derrière les coulisses des théâtres, ils sont toujours sur le qui-vive ; ils sont répandus par escouades dans les couloirs des bals officiels pour lesquels de légères constructions en bois ont été dressées ; ils ont des postes fixes à nos bibliothèques, aux Archives, aux ministères, à la Banque, à l’hôtel des Postes ; je les cherche en vain près de nos musées, je ne les y trouve pas.

  1. Dont 3 pompes à vapeur et 14 pompes d’école pouvant être utilisées dans un cas urgent.
  2. Voir Pièces justificatives, 8.