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suivante : « Le peuple ne posera les armes que lorsque le vin sera à quatre sous. »

L’octroi a résisté à nos révolutions, il a même résisté à la Commune ; on peut en augurer qu’il a la vie dure ; aux services qu’il rend, on l’a jugé indispensable. Il est peu connu, son mécanisme est presque ignoré en dehors des sphères administratives. Pour la plupart d’entre nous l’octroi est représenté par un homme vêtu d’une tunique verte à boutons argentés, qui, lorsque nous franchissons le guichet de sortie d’une gare de chemin de fer, ou lorsque nous rentrons à Paris en voiture, nous dit : « N’avez-vous rien à déclarer ? » Si sa mission consistait en cela, on pourrait le supprimer sans nuire aux finances municipales, car le produit fourni par ce qu’on appelle le voyageur est très-minime ; il tire ses vraies et abondantes ressources des perceptions faites aux barrières sur les objets soumis aux droits, de son intervention aux halles, aux gares de marchandises, aux entrepôts du quai Saint-Bernard et de Bercy, aux entrepôts fictifs, aux ports de notre Seine urbaine ; il surveille tous les points, toutes les portes, toutes les poternes qui donnent entrée à Paris ; il rôde sur le chemin militaire qui longe nos fortifications. Il ouvre l’œil et regarde au loin, vers la banlieue, dans l’intérieur de la ville, pour découvrir les fraudeurs sans scrupule ; il est à la fois percepteur et gendarme ; il remplit les coffres de la municipalité et déploie souvent une sagacité extraordinaire, afin d’empêcher que les lois fiscales ne soient violées. Pour être partout à la fois, pour voir et prévoir, pour ne se laisser tromper que le moins possible, pour répondre aux exigences d’un service qui embrasse la quantité inconcevable d’individus et d’objets dont Paris fourmille, ce n’est pas trop d’un petit corps d’armée et il suffit à peine aux nécessités de son labeur avec les 2 871 agents du service actif que met-