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chaque imprimerie, et le public peut trouver toute diversité d’opinions dans les cent cinquante journaux qui lui sont offerts.

Pendant l’Empire, après le décret du 17 février 1852 qui met la presse à la merci de l’administration, un fait nouveau se produit : le journal littéraire, scientifique, industriel, financier, se propage à l’infini ; la politique est surveillée de près ; les journaux imprudents sont avertis, suspendus, supprimés ; on se rejette vers les études inoffensives, et de cette époque date une quantité importante de publications spéciales fort utiles et souvent très-bien conçues ; aussi, en 1857, sur cinq cent dix journaux qui desservent Paris, quarante seulement s’occupent de politique : le nombre de ceux-ci s’accroît peu à peu : il est de soixante-trois sur cinq cent soixante treize périodiques en 1865.

Aujourd’hui (avril 1874), le total des publications périodiques, mensuelles, bimensuelles, hebdomadaires, quotidiennes, qui sont répandues dans Paris, s’élève au chiffre de 791, dont 113 journaux correspondant à toutes les nuances possibles de la politique ; il n’est opinion, si sotte ou si sage, qui n’ait un organe pour ainsi dire individuel[1]. Tous les partis, les fractions, les sous-fractions qui divisent notre pauvre pays, parlent au nom du pays lui-même et réclament l’avenir à leur profit.

Six cent soixante-dix-huit recueils traitent de questions où la politique n’est pas indispensable, et l’on est fort surpris, en parcourant la liste de tous ces écrits périodiques, de reconnaître que chaque science, chaque corps d’état a un journal qui lui est particulier. Les journaux consacrés aux sciences naturelles et médicales sont fort nombreux — 99, ainsi que les journaux de

  1. La Commune donna naissance à 89 journaux, qui disparurent aussitôt que les troupes furent entrées à Paris.