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avant six mois. Le musée peut offrir un intérêt spécial : il garde les vieux types de la fabrication parisienne et à ce titre il est fort curieux ; mais le rez-de-chaussée peut lui suffire : il n’a qu’à y faire bâtir deux ailes, dans le jardin, pour son usage, et à s’y étaler tout à son aise. Mais il doit céder à la bibliothèque les pièces qu’il occupe actuellement au premier étage. Il est impossible de visiter l’hôtel Carnavalet sans être frappé de cet inconvénient, que l’on dirait créé à plaisir ; la distribution de l’emplacement semble avoir été faite par quelqu’un qui ne s’est préoccupé que du musée.

Cet état de choses est mauvais, mais il ne sera pas facile d’y porter remède tant que l’on remarquera dans l’administration de la Préfecture de la Seine une anomalie étrange, qu’il est urgent de signaler. Les beaux-arts et ce qui s’y rapporte sont dans les attributions du fonctionnaire chargé du balayage et des plantations de Paris. On peut faire aligner très-proprement des trottoirs, savoir même agencer des draperies au-dessus d’une porte, disposer des pots de fleurs avec quelque symétrie sur les marches d’un escalier, pour une nuit de bal ; on peut faire œuvre de tapissier, d’agent-voyer, macadamiser, sabler, arroser, planter et ne rien comprendre aux choses de l’art et de l’esprit. C’est affaire de goût et de sentiment ; l’importance administrative, quelque considérable qu’on l’imagine, n’a rien à y voir ; aussi le préfet de la Seine, s’il veut utiliser judicieusement l’hôtel Carnavalet, faire la part entre la bibliothèque et le musée, s’il veut donner à ces deux établissements distincts le développement dont ils sont dignes, fera bien de rattacher directement les beaux-arts à son cabinet ou au secrétariat général. Là du moins les collections précieuses, les œuvres destinées à orner nos monuments et qui sont la sérieuse élégance de Paris, trouveront des sympathies éclairées, des intelligences