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vicieux ; on fera bien d’en prendre son parti, car il a toujours existé. Croire que le théâtre a jamais corrigé un vice ou un travers, c’est se nourrir d’illusions puériles. Le 4 octobre 1856, le Gymnase représenta une pièce intitulée : les Toilettes tapageuses. C’était l’heure de la crinoline, et les femmes bouffantes étaient à la mode. L’actrice qui jouait le principal rôle, ayant compris les intentions satiriques de l’auteur, portait une robe dont la jupe exagérée à dessein avait une ampleur comique et presque ridicule. Le lendemain de la première représentation, sa robe lui fut demandée, comme modèle, par plus de vingt grandes dames, et huit jours après la crinoline avait doublé de dimension.

La morale publique, les intérêts de l’art sont la moindre préoccupation des théâtres ; ce sont des entreprises commerciales où l’on tâche de gagner de l’argent, et pour parvenir à ce résultat peu de moyens sont négligés. À quoi bon se payer de mots ? Sauf la Comédie-Française et quelques théâtres lyriques qui offrent des jouissances vraiment intellectuelles, les salles de spectacle sont toutes des lieux de plaisir ; chacun y va, selon son tempérament, chercher des impressions gaies, tristes ou sensuelles, pas autre chose. Les théâtres font de la morale comme ils font de l’histoire, sans autre souci que celui de leur convenance immédiate[1].

ii. — les bibliothèques.

L’outillage du travail. — La Mazarine. — L’Arsenal. — Paulmy d’Argenson. — Sainte-Geneviève. — La Richelieu. — Projet de la déplacer. — Lente formation. — Hôtel de Nevers et hôtel Mazarin. — Les départements. — Les estampes. — Les médailles. — Les manuscrits. — Les imprimés. — Combien de volumes. — Les bilboquets. — Le volume et la pièce. — 55 kilomètres. — Le prêt. — L’Enfer. — Le travail et la
  1. « J’ai donné ma pièce au public pour l’amuser, et non pour l’instruire, » disait Beaumarchais à propos du Mariage de Figaro.