Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/191

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

accorda 5 000 livres sur sa cassette pour faire une décoration neuve dans Sémiramis, qui fut jouée le 26 août 1748, et, au mois de décembre de la même année, il habilla à ses frais les sénateurs qui figuraient dans le Catilina de Crébillon ; on ne se piquait guère alors d’exactitude historique : « Les toges de chaque sénateur, dit Collé dans son Journal, étaient de toile d’argent avec des bandes de pourpre et des vestes de toile d’or et une autre bande de pourpre formant le laticlave, le tout festonné et enrichi de diamants faux. On a trouvé ce sénat-là un peu pomponné, mais cela vaut mieux que s’il eût été mal vêtu et en vieil oripeau. »

On laisse aujourd’hui les théâtres préparer leurs décors et leurs costumes sans leur venir en aide ; la protection dont ils sont l’objet est plus large. En cela, l’État s’est substitué aux souverains et subventionne certains théâtres auxquels l’art, dans ce qu’il a de plus élevé, ne devrait jamais rester étranger. Notre budget inscrit à cet effet une somme de 1 340 000 francs, qui est ainsi distribuée : Opéra, 800 000 francs ; Comédie-Française, 240 000 francs ; Opéra-Comique, 140 000 francs ; Odéon, 60 000 francs ; Théâtre-Lyrique, 100 000 francs. Cette part contributive est considérable : a-t-elle aidé à l’éclosion de plus d’un chef-d’œuvre national ? Le lecteur saura répondre. Cette subvention est d’un grand secours pour les théâtres et permet quelques mises en scène supérieures. Du reste, elle est dans nos habitudes, car il est de tradition chez nous que le gouvernement doit encourager les arts, c’est-à-dire, en bon français, que les artistes estiment qu’ils ont droit aux encouragements de l’État.

La plus grosse part de la subvention échoit à l’Opéra, et c’est justice, car le luxe extraordinaire que nous exigeons aujourd’hui sur la scène entraîne des frais singulièrement onéreux ; mais l’Opéra, qui fut fondé par