Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/18

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des finances reconnaît que Paris est dans une situation intolérable : les services de voirie, déjà si singulièrement négligés, vont cesser tout à fait ; depuis longtemps on ne paye plus personne ; les entrepreneurs menacent d’arrêter tout travail ; on doit 410 000 livres pour l’enlèvement des boues, 450 000 pour le pavage, 420 000 pour l’éclairage ; enfin la ville ne peut même pas solder une misérable somme de 16 000 livres qui est due aux balayeurs. Il n’était que temps d’aviser, on se hâta. Le 24 vendémiaire an VII, le conseil des Cinq-Cents déclara l’urgence sur le rétablissement d’une taxe d’octroi municipal et de bienfaisance, dont le produit intégral appartiendrait à la ville de Paris ; le 27 du même mois (18 octobre 1798), la loi est votée. La première année, — du 22 octobre 1798 au 23 octobre 1799, — les perceptions fournirent la somme de 7 613 232 fr. 84 c.[1].

Si l’établissement des taxes d’octroi soulageait l’État, enfin débarrassé de la ville de Paris, si celle-ci y trouvait les ressources qui lui manquaient et la liberté d’action qui lui était nécessaire, une telle mesure ne faisait point l’affaire des cabaretiers et des débitants de liqueurs, dont elle aggravait les charges. Ce fut parmi ces âpres industriels une indignation générale, et promptement ils s’organisèrent pour éluder les prescriptions nouvelles. Ce n’était point difficile en ce temps où la police vénale laissait volontiers toute liberté d’allure à ceux qui la soudoyaient ; de plus, la surveillance du périmètre de Paris et des barrières était confiée, en vertu de l’arrêté du 29 frimaire an VII, à un nombre d’agents dérisoire : 393 préposés devaient suffire à tout ; c’était là une économie fort mal entendue, et le trésor municipal put s’en apercevoir.

  1. Comme aujourd’hui, les vins apportent le contingent le plus important : 859 692 hectolitres 87 centilitres, frappés d’un droit de 5 fr. 50 c. par hectolitre, donnent à la caisse municipale 4 728 310 fr. 78 c.