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question et lui donnait sagement une solution à laquelle les mécontents ne pensaient guère : le 28 janvier 1790, elle décida que les droits d’octroi, aussi bien que les autres impôts, seraient acquittés par tous les citoyens, quels qu’ils fussent.

Le peuple regimba ; il y eut, sinon des émeutes, du moins des collisions graves. L’assemblée tint bon : par la loi du 15 mars 1790, elle abolit tous les droits féodaux, mais elle excepte les droits perçus à l’entrée des villes sur les objets de consommation au profit du trésor public : le 11 avril 1790, elle confirme cette décision ; le 4 août, elle ordonne qu’elle soit exécutée, les murmures s’accentuent et deviennent menaçants ; l’Assemblée louvoie et cherche gagner du temps pour calmer les esprits surexcités, et le 22 décembre elle rend un décret qui prescrit la perception des droits d’entrée jusqu’à ce que l’assemblée ait statué sur les dépenses des villes et des hôpitaux. C’était promettre implicitement l’abolition de l’octroi, et, comme on sentait que les législateurs étaient dans une vive perplexité à cet égard, on s’arrangea de façon à leur forcer la main. À la barrière de La Chapelle, les préposés et les forains qui apportaient les approvisionnements se livrèrent une bataille en règle : il y eut des blessés et des morts. L’Assemblée essaya de sauver au moins le principe de l’octroi : elle proposa de ne taxer que les denrées consommées par les riches : elle imagina une sorte d’échelle des droits variant de 1 livre à 18 par tête d’habitant ; tout fut inutile, et la loi du 19 février 1791 décréta qu’à partir du 1er mai suivant tout droit d’entrée était supprimé[1].

Le 1er mai fut un jour de fête : la musique de la garde

  1. On cria dans les rues : « La grande joie du père Duchesne sur le décret qui f… en bas les droits d’entrée sur le vin, la viande et toutes les denrées. Grande ribote du peuple à la santé de ses amis les patriotes de l’assemblée. »