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dimensions réglementaires, et elle recommence à être ce que les Grecs appelaient sarcophage, — la mangeuse de chairs. Les tranchées gratuites doivent être toujours prêtes, attendant la proie qui ne leur manque pas, car on a calculé que, sur 100 inhumations, 10 ont lieu dans les concessions perpétuelles, 27 dans les concessions temporaires, et 63 dans ce que la tradition du peuple nomme encore la fosse commune.

Paris a beau avoir de nouveaux cimetières à Ivry et à Saint-Ouen, il a beau s’être approprié ceux des communes qui jadis composaient sa banlieue, il croit toujours qu’il n’a que trois cimetières, l’Est, le Sud et le Nord ; ces termes administratifs lui sont peu familiers, et souvent ils n’éveillent aucun écho dans sa pensée ; mais parlez-lui du Père-Lachaise, de Montmartre ou de Montparnasse, il saura tout de suite à quoi s’en tenir. Le Père-Lachaise surtout a grand renom, et il est aussi populaire aujourd’hui que le cimetière des Innocents le fut jadis. Il domine notre ville, il a reçu nos grands hommes, il est ombragé par de vieux arbres magnifiques, il est un lieu de promenade et de pèlerinage ; Paris en est fier et le montre avec orgueil aux étrangers.

Il n’a pas toujours eu l’ampleur qu’on lui voit aujourd’hui. Les premières acquisitions, faites par Frochot en l’an XI, comprenaient 17 hectares et avaient coûté 400 000 francs ; les terrains, on le voit, étaient moins chers qu’à présent. À peine fut-il livré au public, le 21 mars 1804, qu’on sentit la nécessité de le rendre plus vaste, et la contenance en fut portée à 26 hectares 50 ; des agrandissements faits an 1849 et en 1850 lui donnent actuellement une superficie de 43 hectares 95 ares 56 centiares. C’est le plus grand cimetière de Paris. L’origine en est intéressante Toute cette colline, autrefois couverte de vignes et de cultures, était une propriété de l’évêché de Paris, et s’appelait le Mont-l’Évêque. Un