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jours un certain nombre de mètres à ceux qui veulent creuser un caveau, élever un monument et donner aux choses de la mort un caractère de perpétuité que tout condamne, la fragilité de la postérité humaine aussi bien que la fragilité des sentiments humains. Ce fut là une erreur de Frochot, erreur qui causera dans l’avenir de sérieux embarras à la municipalité parisienne, car le contrat survivra aux ayants droit : certains terrains, immobilisés par le fait même de l’acte de vente, ne pourront jamais être repris et resteront sans cesse inutilisés, parce qu’ils contiendront la dépouille de familles éteintes depuis longtemps. Une emphytéose de quatre-vingt-dix-neuf ans, renouvelable, suffisait amplement à tous les besoins et aurait permis à la ville de rentrer dans une propriété qui, un jour donné, peut devenir fort importante. Du reste, le nombre des concessions perpétuelles n’est pas élevé à Paris, car au 1er janvier 1874 il n’atteignait que le chiffre de 67 216, pour tous nos cimetières[1].

Les concessions temporaires donnent droit d’occuper, pendant cinq ans, une fosse isolée de toute tombe voisine « de trois ou quatre décimètres sur les côtés, et de trois à cinq décimètres à la tête et aux pieds », selon les termes du décret du 23 prairial an XII. Il est inutile d’en dire le nombre, qui varie incessamment, puisque la ville ressaisit les terrains à l’expiration du bail et les approprie à d’autres sépultures. Les morts se pressent tellement dans nos cimetières, que l’on n’a pas le temps d’attendre ; il faut se hâter de faire place aux survivants, qui, à chaque heure du jour, frappent à la porte funèbre.

Les inhumations gratuites ont lieu dans ce que l’on nommait jadis la fosse commune, et dans ce que l’on

  1. Voir Pièces justificatives, 6.