Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/140

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

individuelle, reçoit encore les corps de certaines familles. Les exécutions avaient lieu à l’est et à l’ouest de la ville. La Commune, prévoyante et voulant éviter un trop long trajet aux suppliciés, fit ouvrir deux cimetières, l’un, au levant, près de la place du Trône (renversé), hors des murs, derrière les jardins de l’ancienne maison des dames chanoinesses de Picpus ; l’autre, au couchant, près de la place de la Concorde, qui était devenue la place de la Révolution, dans un grand terrain dépendant de l’ancienne paroisse de la Madeleine et servant de potager aux religieuses bénédictines de la Ville-l’Évêque,

Le cimetière de Picpus n’est point fermé ; il est situé au bout du jardin des dames de l’Adoration perpétuelle ; c’est là que fut enterré le général Lafayette. Il a été acheté par des familles qui ont voulu être réunies dans le repos à ceux de leurs parents que la Révolution avait inhumés là après les avoir mis à mort[1]. La partie du cimetière de la Madeleine où l’on a cru retrouver les restes de Louis XVI et de Marie-Antoinette est recouverte par la chapelle expiatoire entourée d’un square ; des constructions occupent les terrains qui, prenant façade sur la rue de la Ville-l’Évêque, longeaient toute la rue de l’Arcade, et étaient séparés de la rue d’Anjou par une suite de maisons non interrompue. On a dit que l’on avait été obligé d’abandonner ce cimetière parce qu’il était gorgé de morts. C’est inexact ; la place n’y manquait pas, mais il était fort mal situé, au milieu d’un quartier peu peuplé, mais riche ; il était en outre « le sujet des diatribes des aristocrates et des contre révolutionnaires » ; on résolut de le déplacer.

On fit choix d’une sorte de désert qui, s’appuyant

  1. Voyez, dans Anne-Paule-Dominique de Noailles, marquise de Montaigu, in-8o, Rouen, Péron, 1859, le chapitre intitulé l’Œuvre de Picpus, p. 208 et seq. C’est l’histoire de la création de ce cimetière.