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«  Nous apprenons que plusieurs barrières ont été brûlées la veille et ce jour même, que les commis à la perception des droits d’entrée sont dispersés. » C’était la ruine de la ville ; tout entrait en franchise, et la municipalité se voyait subitement dépouillée de son revenu le plus clair au moment même où les charges qui lui incombaient, augmentaient dans des proportions extraordinaires. De son côté, la ferme, dont le traité subsistait, car un tel cas de force majeure n’avait pas été prévu, la ferme n’attendait pas que les esprits fussent calmés pour ressaisir le gage auquel elle avait droit et qu’on venait de lui arracher. Augeard, dans ses Mémoires secrets, donne une date précise et un détail important. « La ferme générale, dit-il, me choisit ce jour-là (16 juillet 1789) pour aller à l’Hôtel de Ville représenter à la commune combien il était intéressant pour le service des rentes de la ville que l’on rétablît sur-le-champ les barrières ; presque toutes avaient été brûlées, excepté les deux seules qui étaient appuyées sur les murs des jardins de Monceaux. » In cauda venenum ; sous une apparence de simplicité, cette dernière phrase accuse nettement le duc d’Orléans d’avoir fomenté le mouvement, car les seules barrières épargnées sont celles qui touchent à l’une de ses propriétés de plaisance. Le fait est-il vrai ? Il est impossible de le vérifier aujourd’hui ; mais avant de l’apprécier il faut se souvenir qu’Augeard était secrétaire des commandements de la reine.

Les barrières furent reconstruites, barrières en bois, peu solides, qu’on eût facilement jetées bas d’un coup d’épaule et où la surveillance, en ces temps troublés, n’était point rigoureuse ; elle l’était trop encore cependant au gré de la population, qui croyait sincèrement que la suppression des impôts faisait partie du régime de la liberté. L’Assemblée nationale s’occupait de la