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corps de la duchesse de Guise, princesse de Joinville, veuve en premières noces du prince de Bourbon, et décédée en 1656. Elle avait été certainement inhumée au couvent des Capucines, à travers les dépendances duquel la rue de la Paix avait été tracée. Quelques années auparavant, on avait détruit les derniers vestiges de la collégiale Saint-Honoré ; on y chercha avec soin le caveau où le cardinal Dubois avait été inhumé en grande pompe ; mais, comme ce caveau avait été converti en fosse d’aisances, on eut quelque peine à le découvrir.

Si les terrains des anciens cimetières ont rendu les morts qu’ils cachaient, il n’en est pas de même des églises, dont les cryptes et les caveaux conservent des amas d’ossements, débris des corps qui jadis leur ont été confiés. Lorsque l’on répare quelque ancienne chapelle sépulcrale, on y découvre naturellement des restes humains ; invariablement le même fait se produit et donne une assez piteuse idée de la crédulité parisienne. C’est toujours la même légende. Le squelette trouvé et qui a au moins cent cinquante ans de date devient une jeune fille morte récemment, hier, ce matin peut-être ; un peu plus tôt, on aurait pu la sauver. Où l’a-t-on découverte ? Dans une cellule secrète dont les prêtres seuls connaissent l’entrée. « C’est l’innocente victime d’un délire hypocrite, fanatisé par le feu des passions comprimées. » Les journaux en parlent ; on publie des lithographies représentant l’horrible mystère. Des nigauds s’en mêlent, qui somment l’autorité d’avoir à faire son devoir. Pour l’église Saint-Laurent, qui donnait sépulture et qui était côtoyée par un cimetière, on renouvelle cette histoire tous les douze ou quinze ans[1].

  1. Les gens de la Commune n’en démordent pas : dans un livre où sont glorifiés tous les faits insurrectionnels de 1871, je lis : « Dans l’église Saint-Laurent, on trouva des cadavres de jeunes femmes et d’enfants nouveau-nés, sans doute victimes des vertueux prêtres célibataires. » (Paris pendant la Commune révolutionnaire de 1871. Neuchâtel)