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Les maires, de leur côté, ne sont pas restés oisifs ; ils se sont associés dans la mesure des ressources dont ils pouvaient disposer aux efforts accomplis par l’autorité dirigeante. Dans presque tous les arrondissements, on est parvenu à créer, à l’aide de dons volontaires, une caisse des écoles. Cette institution, si elle est développée avec persistance, rendra de grands services. Grâce à elle, on pourra augmenter l’outillage scolaire et distribuer partout ces tableaux d’histoire naturelle élémentaire dont j’ai déjà parlé ; on pourra donner aux enfants des vêtements, des chaussures et certains médicaments, tels que l’huile de foie de morue et le vin de quinquina, dont ils n’ont que trop besoin pour combattre leur débilité constitutive ; on pourra leur remettre, au lieu de livres de prix, des livrets de caisse d’épargne qui seront un encouragement pour eux et pour leurs parents ; on les fera soigner gratuitement lorsqu’ils seront malades, et l’on arrivera même à leur ouvrir des carrières industrielles que la pauvreté leur interdit.

Malheureusement, pour remplir la caisse, c’est à l’initiative individuelle qu’on s’adresse, — avec discrétion afin de ne point l’effaroucher, car on sait qu’elle est volontiers récalcitrante. C’est là cependant une œuvre sérieuse et très-bonne, à laquelle il est généreux et opportun de s’associer. Il m’est pénible de dire qu’elle est accueillie avec indifférence, et que dans certains arrondissements, malgré le dévouement et l’appel réitéré des maires, elle ne produit pas ce qu’on est légitimement en droit d’attendre. Je prendrai pour exemple le VIIIe arrondissement, — je le connais spécialement, et je n’avance rien d’excessif en disant que c’est un des plus riches de Paris ; — en 1872, on n’y a récolté que 20 390 francs offerte par 231 donateurs ; c’est fort médiocre et peu en rapport avec les grandes habitations des Champs-Élysées, du boulevard Haussmann, du boulevard Malesherbes et