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son attention, d’autres soucis l’occupent, et bien souvent — trop souvent — le bénéfice des années scolaires est anéanti, le souvenir s’efface, et de ce qu’on avait appris jadis il ne reste plus rien. Quelques-uns, plus perspicaces ou plus ambitieux que les autres, suivent les classes d’adultes, ouvertes le soir pour les ouvriers ; mais le cabaret et le reste ont tant de sollicitations qu’il faut presque admirer les jeunes gens qui, libres, ne désertent pas tout à fait l’école. Pourtant la ville de Paris ne marchande guère les encouragements ; si elle a trouvé un écolier studieux et bon sujet, elle le fait entrer à l’école Chaptal, d’où il peut entrer à l’École centrale ou même à l’École polytechnique. Dans les deux cas, la ville n’abandonne pas son pupille : conjointement avec le ministre de l’agriculture et du commerce ou le ministre de la guerre, elle lui fournit une bourse qui lui permet de sortir de ce long apprentissage gratuit avec le diplôme ou le grade d’ingénieur.

Mercier écrivait de son temps : « Avec des nourrices, des gouvernantes, des précepteurs, des collèges et des couvents, certaines femmes ne s’aperçoivent presque pas qu’elles sont mères. » Mercier ne pouvait parler que des femmes riches ; que dirait-il aujourd’hui en voyant que Paris accepte, recherche cette délégation de maternité. À l’enfant qui vient de naître, elle ouvre les crèches[1] et l’y garde jusqu’à l’âge de deux ans ; de deux ans à six ans, elle l’admet dans les salles d’asile ; de six ans à quatorze, elle lui donne l’enseignement dans ses écoles ; plus tard, elle peut l’initier à l’enseignement secondaire à Turgot, à Chaptal, à Rollin, et le suivre, en subvenant à ses besoins, sur les bancs des écoles supérieures. En réalité on ne peut mieux faire.

  1. Les crèches sont une fondation due à l’initiative individuelle ; la ville ne leur donne qu’une modeste subvention annuelle de 600 francs. Cette œuvre a été établie à Paris en 1844 par M. Marbeau.