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duit dans un vaste grenier, où les murs latéraux sont embarrassés de grosses poutres, dont on a jeté les refends par terre pour en faire une seule pièce, si grande maintenant, si disproportionnée, que le plancher a trop de volant, et qu’il s’effondrerait sur l’étage inférieur si les enfants, toujours surveillés, n’étaient forcés de modérer leurs ébats, La directrice demeure dans la maison ; j’ai traversé son appartement, il y pleuvait. Il y a là un danger permanent dont il est temps de se préoccuper ; une telle école ne peut plus subsister dans Paris, elle est en contradiction flagrante avec les efforts généreux que l’on fait chaque jour pour développer l’enseignement primaire. Il faut tout simplement prendre cette laide Cour des Miracles, et y créer un groupe scolaire modèle, qui est dû à un quartier très-laborieux, très-intéressant, et dont les contributions directes s’élèvent à une somme considérable (11 132 046 francs 84 centimes, pour 1873).

Les enfants reçoivent donc dans nos écoles de Paris, malgré l’état défectueux de quelques-unes d’entre elles, une instruction très-sérieuse et vraiment bonne[1]. Beaucoup n’en profitent pas encore : nous avons cité des chiffres ; il suffit du reste de parcourir certains arrondissements, de voir les gamins jouer dans les rues, pour se convaincre que toutes les familles n’ont pas compris la nécessité de l’enseignement ; mais cet enseignement profite moins qu’on ne pourrait le croire à ceux qui l’ont recherché. Vers quatorze ou quinze ans, l’enfant quitte les classes et entre à l’atelier. D’autres objets sollicitent

  1. À l’exposition universelle de Vienne, la ville de Paris a obtenu le diplôme d’honneur pour l’enseignement primaire ; deux autres pays ont été seuls jugés dignes de cette haute récompense : la Saxe et la Suède, si célèbres par l’admirable mouvement qu’ils ont imprimé depuis longtemps à l’instruction populaire. Le directeur de l’enseignement primaire en Saxe, M. le conseiller aulique Borneman, écrivait récemment, dans une lettre publiée par le journal le Temps, que depuis l’Exposition de 1867 Paris avait fait des progrès « vraiment merveilleux ».