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fleuves du monde. Ce travail est admirable et a dû exiger des études très-sérieuses de la part de ceux qui l’ont exécuté. — Ces tableaux, qui couvrent les murs du préau, c’est-à-dire de l’endroit où les enfants mangent, où ils déposent leurs casquettes, où ils jouent, sont donc dans l’endroit le plus exposé aux avaries de toute sorte ; — en bien ! toutes ces belles cartes sont indemnes, pas une d’elles ne porte seulement trace d’un coup de crayon ; — en me rappelant la façon outrageuse dont nous avions l’habitude de traiter les murs du collège, je n’en croyais pas mes yeux.

Il est impossible d’étudier attentivement les écoles primaires sans reconnaître que la femme possède des facultés pédagogiques bien supérieures à celles de l’homme ; chez elle, c’est comme un instinct ; tout concourt à le développer : sa mission naturelle et ses goûts. Pendant que le petit garçon casse le nez de son pantin et lui ouvre le ventre pour voir ce qu’il y a dedans, la petite fille dorlote sa poupée, la couche, la soigne, la gronde, l’instruit, et bien souvent lui fait une morale dont elle-même aurait besoin. Cette sorte de maternité latente qui domine toujours la femme et la dirige apparaît chez des institutrices de vingt ans et chez des sœurs de charité. Les Américains et les Suédois ne l’ignorent pas, car c’est aux femmes qu’ils confient l’éducation des enfants des deux sexes jusqu’à l’àge de douze ans, et ils font bien. Du reste, comme écolières, les petites filles sont plus intéressantes que les petits garçons ; bien plus que ceux-ci elles sont ambitieuses, ardentes, primesautières ; elles veulent tout apprendre et demandent toujours à répondre, même quand elles ne savent rien. Elles ont de jolies mines effarouchées lorsqu’on les gronde, et pendant les récréations elles causent entre elles, se groupent comme pour se recevoir mutuellement et se divertissent fort à jouer à « la madame ».