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des enfants en âge de fréquenter ces deux sortes d’établissements est de 259 517.

La différence est notable, elle dépasse 170 000 ; mais, pour rester dans la vérité, il faut se hâter d’en déduire 102 500 enfants qui reçoivent l’instruction première dans leur famille ou dans les pensionnats, et 22 000 auxquels on a fait place dans les écoles publiques ; reste donc 46 000 enfants qui, par suite de l’indifférence des parents ou du défaut de vacances dans les écoles, échappent aux bienfaits de l’enseignement. Lorsqu’on aura mené à bonne fin les travaux qui doivent mettre 23 000 places au service des nouvelles générations, qu’on aura construit les 35 écoles ou groupes d’écoles projetés, nous nous trouverons en présence de 23 000 pauvres petits êtres qui ont besoin d’apprendre, et pour lesquels la ville ne se lassera pas de mettre en pratique la maxime divine : Sinite parvulos ad me venire[1].

L’enseignement primaire distribué dans les salles d’asile et dans les écoles de Paris est excellent ; il donne à l’enfant des notions générales suffisantes, et le conduit même assez loin dans l’histoire, le calcul et la géographie. Dans les salles d’asile, où l’enfant peut séjourner de deux à six ans, l’instruction qu’il reçoit est fort embryonnaire ; elle lui apprend à démêler un peu l’écheveau de ses pensées, elle attire son attention sur les objets usuels, elle l’initie aux premiers principes de la lecture et de l’écriture, elle lui fait résoudre de très-faciles problèmes qui ne dépassent pas la soustraction ; par la gymnastique cadencée qu’elle lui impose, elle l’amuse, rhythme ses gestes et développe ses mouvements ; par les vers puérils qu’elle lui fait chanter sur des airs connus, elle met dans sa petite tête des voca-

  1. Voyez l’Instruction primaire à Paris et dans le département de la Seine (1871-1872). C’est la meilleure page de l’histoire de la ville de Paris.