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Il est intéressant de visiter ce magasin, qui est situé sur le boulevard Morland, — c’est l’île Louvier, réunie à la terre ferme depuis 1843, — et qui fait partie du garde-meuble de la ville. Lorsque j’ai pénétré dans la cour, je me suis arrêté avec un serrement de cœur involontaire, car elle était pleine de tas de débris noircis et comme carbonisés qui représentent tout ce qui reste des objets d’art et d’orfèvrerie retrouvés sous les décombres de l’Hôtel de Ville incendié. Dans d’immenses galeries divisées par des planchers de sapin entourés de barrières à claire-voie on a rassemblé tous les gros meubles utiles dans les classes : les chaires destinées aux professeurs, les tableaux noirs et les tables réservées aux élèves. On peut croire au premier abord qu’il est facile de faire des tables et des bancs pour les écoliers ; c’est pourtant un problème qu’il n’est pas toujours aisé de résoudre, car rien n’est plus contraire à l’hygiène, à la discipline, à la morale même et à la bonne tenue des classes, c’est à-dire à tout ce qui facilité l’enseignement, que ces longues tables où les enfants sont pressés les uns contre les autres, comme je l’ai vu dans une école où douze enfants, assis devant une table longue de 3m,75, n’avaient pas la liberté de mouvement nécessaire pour pouvoir écrire. Toutefois il faut tenir compte de l’exiguïté des classes et du nombre des écoliers ; à force de tâtonner et d’étudier la question, on s’est arrêté à un banc-table, muni de pupitres, qui au maximum pourra recevoir cinq enfants ; et, toutes les fois que l’emplacement le permettra, on isolera les élèves autant que possible en créant pour chacun d’eux une sorte de petit bureau particulier.

Une autre galerie, séparée en un grand nombre de chambrettes, renferme les livres, les cahiers, les plumes de fer, les crayons, les ardoises, les cartes, les sphères, les compendiums métriques, la craie et tout le menu