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tient plus de place que le raisonnement, la solution du problème de l’enseignement n’est pas un but, ce n’est qu’un prétexte.

Deux partis sont en présence qui voient dans la direction que prendra l’enseignement le triomphe ou la défaite de leur opinion. Pour l’un, le clergé et ce que l’on peut appeler les ordres scolaires représentent l’obscurantisme. — Un vieux mot bien bête que l’on ferait mieux de ne plus employer. — Les écoles congréganistes lui apparaissent comme l’enseignement mutuel de l’abrutissement et de l’hypocrisie. — Pour l’autre, l’université est la bête de l’Apocalypse ; elle est la négation de Dieu, l’appel au matérialisme, la grande prêtresse du néant. — Ces deux opinions sont aussi fausses l’une que l’autre ; en matière d’instruction, comme en matière politique, le clergé et l’université sont indispensables, car tous deux répondent à des besoins parfaitement distincts, que l’on a le plus grand tort de confondre.

Le résultat de cette hostilité déplorable est tout autre que celui que l’on imagine ; ce n’est ni l’université ni le clergé qui souffrent et qui succombent dans ce combat à outrance, c’est l’enseignement lui-même. Et cependant nous ne ferons jamais assez d’efforts pour le soutenir, pour le fortifier, j’allais dire pour le créer, car à bien regarder l’état où nous sommes, on reconnaît que la France est atteinte de trois maladies graves qui, promptement, deviendraient mortelles, si l’on n’y portait un remède énergique et rationnel : ces trois maladies sont l’ignorance, l’indiscipline et la présomption ; celles-ci sont fatalement engendrées par celle-là. Or le remède, c’est l’instruction ; elle tue l’ignorance, elle discipline l’âme et rend modeste, car elle apprend à se comparer et non point à se contempler, ce à quoi, pour notre malheur, nous avons toujours