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limitait le maximum des prêts à 10 000 francs, une femme titrée, appartenant par ses alliances aux plus illustres familles de France, engagea d’un seul coup des parures neuves pour une somme qui dépassait 50 000 francs. On fut fort surpris au Mont-de-Piété de recevoir de la préfecture de police une demande de recherches, et l’on ne comprit guère qu’une personne de si haute condition pût être impliquée dans une affaire de vol. Rien n’était plus vrai cependant. Usant de son nom qui devait inspirer toute confiance, elle avait acheté des diamants à crédit et les avait immédiatement engagés. Les joailliers, fatigués d’attendre l’argent qui leur était dû, se voyant sans cesse ajournés sous des prétextes illusoires, avaient fini par deviner la vérité. Ils prièrent la préfecture de police de faire une enquête qui eut le succès que l’on voit. Nul doute n’était possible. On ne peut imaginer la qualité des personnages qui intervinrent dans cette affaire pour l’étouffer. C’était difficile ; la dame n’avait plus l’argent, qu’elle avait promptement dépensé ; la famille refusait absolument de payer ; les joailliers réclamaient le prix convenu ou les diamants ; le Mont-de-Piété ne pouvait se dessaisir du gage, qui représentait un prêt considérable. On n’était pas près de s’entendre, et la justice allait peut-être se mêler à ce débat trop clair, lorsque l’affaire fut arrêtée comme par enchantement. Le préfet de police avait parlé de cette histoire à l’empereur, qui ordonna de prendre sur sa cassette de quoi dégager les parures et de les rendre aux joailliers. Ce qu’il y a de plus curieux, c’est que l’empereur, abusé par une similitude de nom, crut sauver une femme dont le mari faisait à son gouvernement une opposition à outrance.

Ces sortes d’aventures ont parfois un dénoûment plus tragique, quoiqu’il reste inconnu. On s’aperçut, il y a quelques années, que de fausses reconnaissances, por-