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La reconnaissance est envoyée au magasin désigné par le nantissement lui-même ; l’article recherché, trouvé, est remis à un contrôleur ; celui-ci s’assure que le bulletin adhérent est conforme, comme numéro d’ordre et comme désignation, au numéro et à la désignation de la reconnaissance qu’il paraphe. Ensuite la boîte est enveloppée dans la reconnaissance et expédiée au garçon rendeur, qui est debout derrière un large guichet et devant une table sur laquelle on dépose les objets, dans un panier si ce sont des bijoux, en tas si ce sont des paquets. À l’appel successif des numéros, le porteur de la fiche indiquée s’approche ; devant lui, le garçon constate que le cachet est intact, il vérifie la désignation, ouvre la boîte, compte les objets, et, après les avoir rendus, prend un timbre qui lui est spécialement attribué, et en frappe ou, pour mieux dire, en signe la reconnaissance. Entre l’instant où le caissier a reçu l’argent et celui où l’objet est restitué, il s’écoule trente ou quarante minutes. C’est peu, et pourtant ce laps de temps suffit pour que des articles dégagés ne soient jamais réclamés. Quel oubli subit, quel accident a frappé les dégagistes ? On se perd en conjectures, et il y a là une sorte de mystère impénétrable ; chaque année, une dizaine d’objets sont abandonnés de la sorte et finissent par être vendus.

Le public qui s’ennuie dans la salle d’attente n’a rien de bien particulier. Les femmes dominent, car les hommes sont à l’atelier ; on voit beaucoup d’enfants, quelques commissionnaires, des marchands aux allures ambiguës qui ont acheté des reconnaissances à vil prix, des soldats, et surtout des commères qui jacassent entre elles. L’objet appartient-il toujours à celui qui le dégage ? On doit le croire ; mais la reconnaissance est un titre au porteur, il suffit de la présenter et de payer pour être mis en possession de l’article désigné.