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et étant secondé par toi, quoique tu ne fusses alors âgé que de trois ans (1803, janvier), ne tarda pas à m’obtenir des succès. Je conserve avec soin une pièce de ton écriture à cette date (1803, août 24).

Le public continua d’honorer de son intérêt, même ma petite institution particulière, quoique à cette époque parût la deuxième édition d’un ouvrage, dans lequel un auteur méprisait, encore plus qu’il l’avoit fait dans sa première publication, mes infortunés élèves, leur instituteur et les procédés qu’il avoit imaginés pour les soulager et les consoler de leur malheur.

(1805, février 28.) Entre les personnages de distinction qui visitèrent alors mon pensionnat particulier, je ne te parlerai pas de S. S. Pie VII, qui avoit daigné me promettre d’y venir, mais que l’intrigue attira ailleurs, où on lui fit voir mes procédés d’écritures. Je te rappellerai seulement M. le duc de Sommerset et madame l’épouse de Son Excellence l’ambassadeur de Russie en Espagne, qui m’honora de sa présence en passant à Paris. Je suis attaqué, jusqu’à la fin de mes jours, sans m’en plaindre, d’une incommodité grave, dont mon zèle à démontrer mes procédés devant cette princesse fut la cause. Un de mes aides n’ôtant pas assez vite une casse d’imprimerie fort pesante, je voulus la transporter moi-même, et mes efforts furent suivis d’une double descente devenue très-incommode. S. M. le bon empereur Alexandre, informée des injustices dont j’étois la victime, me fit proposer par S. Exc. le général Hitroff de venir à Saint-Pétersbourg former en faveur des aveugles russes une institution pareille à celle qu’avoit fondée Louis XVI dans Paris. J’acceptai ses offres gracieuses.

(1806, mai 2.) Affligé que j’étois par ma descente et par un mal à la jambe, pour la guérison duquel il fallut me faire l’opération, nous ne partîmes pour la Russie, ta mère, toi, mon cher fils, et le bon Fournier, l’un de nos plus habiles élèves aveugles (que l’empereur avoit permis de m’accompagner), qu’au commencement de mai 1806. Plusieurs journaux parlèrent de l’éducation des aveugles et notamment le Cicerone parisiense, qui mit sous les yeux du public les injustices dont j’étois la victime en France. Nous fûmes invités à donner chez divers personnages distingués une idée de mon genre d’institution. Nous opérâmes chez la princesse de Wilhelmsbad, chez S. M. le roi de Prusse, à l’Académie des sciences de Berlin et autres parts. Ta mère, mon cher fils, fera sans doute entrer dans ton présent de noces la belle boîte ornée du chiffre F. G. en brillants que le monarque prussien m’envoya de Charlottenbourg.

(Septembre 7.) Nous crûmes de notre devoir d’aller en passant saluer à Mittau Louis XVIII, notre souverain légitime. Sa Majesté m’ayant invité à faire opérer Fournier en présence de toute sa maison, comme avaient fait mes premiers élèves aveugles 20 années