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Michel qui deviendroit vacant. (Faveur dont me priva la Révolution par la suppression des ordres de chevalerie.)

Le premier établissement royal des jeunes aveugles travailleurs, ce monument de la bienfaisance de Louis XVI, fut respecté, s’accrut et se perfectionna sous toutes les espèces de gouvernement qui suivirent celui de ce bon roi, malgré les efforts continuels de mon ennemi pour le renverser.

(1790, décembre 24.) Le corps des musiciens de ces infortunés fut même employé par ordre des gouvernements dans les cérémonies civiles ou religieuses, et jusques au service du culte établi à l’époque où les églises catholiques étoient fermées. Ils exécutèrent une messe de requiem au service de l’abbé de l’Épée, au commencement de cette année (1791, mars 13).

Pour être déchargé de la dépense d’un logement nécessaire à mon institution, j’avois obtenu du gouvernement la permission de la placer dans un édifice public. On m’empêcha pendant quelques mois de jouir de cet avantage.

Les fonds pour son entretien étant également refusés, le bienfaisant Louis XVI, à ma prière, les alloua sur la trésorerie nationale.

(1801.) Malgré le compte satisfaisant que l’administration de bienfaisance rendit au ministre d’instruction publique du produit des travaux de mes élèves aveugles, sous la direction de leurs répétiteurs et chefs d’ateliers, ainsi que de la recette et dépense de leur économe, qui tous étoient privés de la lumière, leur ennemi juré, les taxant d’inutiles et onéreux, en demanda la suppression.

Enfin Napoléon Bonaparte, alors consul de la République françoise, cédant aux intrigues de l’égoïste malveillant qui nous persécutait, détruisit la première institution royale des jeunes aveugles travailleurs fondée par Louis XVI et composée alors de cent vingt élèves, et les fit placer à l’hôpital des Quinze-Vingts, fondé par saint Louis, où vivoient de leur pension trois cents aveugles avancés en âge. Il me fit donner ma démission par le ministre de l’instruction publique, qui motiva la suppression de mon emploi sur la nécessité de l’économie. Et cependant le ministre dit positivement dans un autre acte public n’avoir fait remplacer que deux sujets (censés présentés par moi, quoique je ne les connusse pas, et que les aveugles eux-mêmes les jugeassent incapables de les diriger).

(1802.) Sorti de l’établissement où feu Sa Majesté Louis XVI m’avoit honoré de la place de directeur, je fis annoncer dans les journaux que j’allois former en mon particulier un pensionnat en faveur des enfants aveugles appartenant à des familles aisées. Il me vint d’abord tout à coup cinq élèves, savoir, un de Paris, un de Flandre, un d’Amérique, un d’Angleterre et un d’Allemagne. Je m’empressai, mon bon ami, de commencer à les instruire, opération dans laquelle Fournier, le premier, parmi ces élèves, ayant déjà abordé mes premiers principes au sein même de ta famille,