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ministration frappe les prêts de droits divers, afin de diminuer d’autant le prélèvement des frais généraux.

Dans ces frais généraux ne figurent pas, bien entendu, les loyers des locaux, qui sont à la charge de l’État.

Les billets à ordre et les billets au porteur sont, pour la plupart, souscrits au profit d’une classe très-modeste, la même absolument qui crédite la caisse d’épargnes. La confiance sans limite qu’inspire l’administration du mont-de-piété explique ce placement à intérêts modiques.

Les intérêts ne forment donc qu’une très-faible partie des frais généraux, qui dans l’organisation complète de cette institution atteignent un taux scandaleux ; les appointements des divers employés s’élèvent à environ 960 000 fr. par an.

L’État régularisant les prêts sur gages avec prélèvement d’intérêts a, par son approbation, sanctionné les opérations usuraires, quels qu’en soient la forme ou le mobile.

En fait, les prêts sur gages soulagent momentanément les classes laborieuses dans les cas de chômage ou de maladie, cas fréquents, qu’une organisation sociale équitable doit prévoir, et qu’elle a pour mission de prévenir et de soulager effectivement sans en bénéficier.

Ils n’ont pas davantage leur raison d’être dans les moments de crise générale, où les charges que supporte la société doivent être réparties d’une façon normale.

Les classes laborieuses ont, il est vrai, pu subvenir aux nécessités du moment par l’intervention du mont-de-piété ; mais les familles sont dépossédées d’objets qu’elles ne peuvent remplacer, et qui sont vendus à vil prix.

Voici, pour mémoire seulement et sans plus de développements, quelques-uns des nombreux abus que protégeait l’institution du mont-de-piété :

Le commerce, pour retarder la faillite, détournant des marchandises afin de parfaire le chiffre de ses échéances ;

L’agiotage s’opérant en grand sur la vente par l’administration des objets non dégagés, et sur la vente des reconnaissances par les emprunteurs ;

Dans le ménage, l’économie troublée par cette facilité d’un emprunt inutile pour le travail et ruineux pour l’intérieur ;

Etc, etc.

La Commune, par ces institutions sincèrement sociales, par l’appui qu’elle donnera au travail, au crédit et à l’échange, doit tendre à rendre inutile l’institution des monts-de-piété, qui sont une ressource offerte au désordre économique et à la débauche.

Mais revenant au fait actuel, la commission conclut ainsi :

Le mont-de-piété détient une quantité considérable de gages, sur lesquels il a prêté une somme de 38 millions, ce qui, vu l’infério-