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Leurs débuts furent scandaleux. Ainsi dit un écrivain parlant des livres ès docteurs redondant d’erreurs.

« Permettent aux dits Juifs de prêter à usure à leurs sujets et d’en tenir banque publique non-seulement d’usure, mais aussi d’usure d’usure et icelles usures d’usures d’usures exercer et exiger. »

Les papes et les ordres religieux dogmatisèrent sur les monts-de-piété, et, au concile de Latran (1512-1517), une bulle pontificale consacra d’une manière définitive les prêts sur nantissement.

À cette époque, le commerce s’étendit rapidement, et de récentes découvertes donnèrent un essor aux transactions. La bourgeoisie qui, il est vrai, n’existait que de fait, tout en écrasant le peuple, chercha, d’un autre côté, à échapper aux serres des Juifs, et les maisons de prêts furent en réalité des maisons de change.

Ce ne fut qu’en 1626 que les états généraux, convoqués à Paris, promulguèrent une ordonnance établissant les monts-de-piété. L’exécution de cette ordonnance fut bien incomplète ; mais l’idée fut reprise par Louis XIV en 1643, et c’est de cette époque bien réellement que date l’institution des monts-de-piété à Paris.

Le 9 décembre, sous le ministre Necker, une nouvelle ordonnance détermine plus particulièrement l’administration et l’organisme des monts-de-piété et de leurs succursales, bien que Necker lui-même regarde les monts-de-piété comme une « sorte de conciliation avec les vices ».

Déjà le peuple supportait péniblement un excès de misère que certes ne parvenait pas à atténuer la facilité d’emprunter « quelques sous sur les nippes ». Aussi Louis XVI, donnant satisfaction à des demandes pressantes, réitérées, menaçantes, ordonna-t-il la restitution des linges de corps et vêtements d’hiver engagés pour une somme au-dessous de quatre-vingts francs.

Un autre décret de la Convention nationale, du 4 pluviôse an II, vient encore en aide à la misère publique et accorde aux porteurs de reconnaissances ne dépassant pas vingt livres le droit de retirer gratuitement les effets déposés au mont-de-piété. L’article 9 portait : « Les comités de secours publics et des finances feront incessamment leur rapport à la Convention sur la question de savoir s’il est utile au bien général de conserver les établissements connus sous la dénomination de monts-de-piété. »

Un troisième décret, du 1er pluviôse an III, ordonne de remettre aux propriétaires indigents les nantissements déposés par eux jusqu’à concurrence de cent livres (assignats).

Puis le souffle révolutionnaire emporta l’institution même, sans avoir la puissance cependant de rétablir le crédit et de donner aux travailleurs ce qu’il leur faut pour vivre : les instruments de travail.