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des eaux, les hommes trouvent là un refuge assuré. On ne peut se défendre d’un sentiment d’admiration en voyant avec quels soins ingénieux et perspicaces on a prévu et neutralisé tous les dangers.

On entend un bruit de cascade qui rappelle les voyages en Suisse ; on approche, et l’on voit un égout de quartier qui dégringole du haut d’un escalier de pierre et se jette au collecteur. Si l’on gravit les degrés, on se trouve en présence d’une galerie représentant les types 10 ou 12, c’est-à-dire d’un simple canal sans trottoir et où l’eau baigne directement les murs de l’œuvre ; c’est pour se promener là qu’il faut ces fortes bottes dont nous aurons bientôt à parler. Il suffit de lever les yeux vers la voûte d’un égout pour reconnaître si la chaussée qui forme la voie publique est en bon état, si le macadam est bien massé, si les pavés ne sont pas trop disjoints, si l’asphalte n’est point lézardé. Partout où la rue est bien entretenue, la voûte est nette, brillante, unie comme un marbre ; partout au contraire où le chemin est défectueux, elle laisse transsuder des filtrations qui déposent sur l’enduit des moisissures noirâtres et moussues. La marge des trottoirs est ouverte de dix en dix mètres de petits trous circulaires, tuyaux de drainage qui pénètrent dans le sol et en recueillent l’humidité ; quelques-unes de ces barbacanes sont incrustées d’une matière blanchâtre, dépôt d’une source minuscule chargée de calcaire.

Lorsque déjà l’on aperçoit tout au bout de la galerie un jour verdâtre qui annonce la fin du voyage, on entend une rumeur sourde, continue, qui mugit comme un taureau captif : c’est le collecteur de la rive gauche, c’est la Bièvre qui arrive. Si l’on monte l’escalier du grand regard établi à cet endroit, on voit un triste paysage : la rue Gide s’ouvre sur la route de Paris à Asnières ; le chemin de fer de l’Ouest, élevé en remblai, s’ar-