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La chambre d’entrée est assez grande et accostée des cabinets nécessaires à la garde des instruments de travail ; elle aboutit à la banquette d’où l’on peut voir l’affluent du collecteur des coteaux, — que Turgot ne reconnaîtrait guère aujourd’hui, — arrivant des environs du bastion n° 7 et de la barrière Picpus ; il se précipite avec une rapidité extrême, comme s’il avait hâte de se débarrasser de son contingent, qui représente les détritus d’un tiers de Paris. Le courant du collecteur est assez vif ; il est neuf heures du matin, c’est l’instant de la montée. En effet, les cantonniers ont ouvert les bouches d’arrosage et le robinet des bornes-fontaines ; dans les maisons on vide les eaux ménagères, dans les marchés on lave les légumes ; « il est flot, » comme disent les gens de mer, l’égout bat son plein. On connaît la jauge d’un égout, comme on connaît celle d’un aqueduc ; mais, selon les saisons, le débit journalier varie singulièrement : d’ordinaire le mois de mars est celui qui donne la plus grande quantité d’eau, et le mois de juillet celui qui fournit la plus faible, La moyenne est fort incertaine, car elle subit naturellement l’influence des années plus ou moins pluvieuses ; en général on peut dire que le grand collecteur vomit 220 000 mètres cubes par jour.

De grands bateaux, couvrant presque toute la largeur de la cunette, sont amarrés à la muraille par des chaînes passées dans des anneaux de fer ; ils ne sont point destinés à des promenades d’agrément, ils sont d’une utilité bien autrement importante, car ils font le métier de cureurs d’égouts, et s’en acquittent avec une prestesse, une précision extraordinaires. Le travail d’un seul bateau équivaut au travail d’une escouade de 100 hommes. Ces bateaux sont munis à l’avant d’une vanne en fer percée à l’extrémité inférieure de trois trous représentant à peu près les dimensions d’un volume in-