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datant de saint Louis et de Philippe le Bel ; mais ils n’avaient rien de public et étaient exclusivement consacrés à recevoir les immondices des grandes demeures qu’ils desservaient. Ils s’ouvraient fort probablement auprès des cuisines et se dégorgeaient dans la Seine ; lorsqu’on les eut découverts, on ne manqua pas de les prendre pour des oubliettes, ce qui est le sort commun réservé à toutes les excavations rencontrées dans les vieux châteaux.

La Cité se vidait dans la Seine ; la portion de Paris assise sur la rive gauche et qu’on nommait alors l’Université s’épanchait dans la Bièvre ; les habitations groupées sur la rive droite, que par excellence on appelait la Ville, avaient pour exutoire le ruisseau de Ménilmontant. Les collines de Charonne, de Ménilmontant, de Belleville et de Montmartre sont revêtues d’un terrain sablonneux qui fait éponge et boit l’eau pluviale ; mais celle-ci ne peut pénétrer profondément dans le sol, car elle est arrêtée par des couches argileuses qui sont directement posées sur les bancs de pierre à plâtre. Forcées de se frayer une route à travers des terrains perméables, les eaux s’écoulaient en sources au pied des collines et se réunissaient au fond de la vallée dans un gracieux ruisseau qu’elles avaient creusé et qui, partant de l’endroit où s’ouvre aujourd’hui le boulevard des Filles-du-Calvaire, se dirigeait vers la Seine, qu’il atteignait au quai actuel de Billy, sur l’emplacement de la Manutention militaire. Lorsque l’on se mit à exploiter sérieusement les carrières à plâtre, l’eau ne fut plus contrariée dans sa marche verticale, elle glissa à travers les fissures du gypse et se perdit dans les profondeurs, où elle se mêla à la nappe souterraine de la Seine. Dès lors le ruisseau de Ménilmontant fut tari et devint pendant des siècles « le grand égout de Paris ». Il fut ce que nous appellerions un collecteur, car c’est