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nous arrive, devient au contraire, après avoir servi aux usages publics et particuliers, un élément dangereux, plein de germes morbides qu’il faut savoir éliminer au plus vite et rejeter loin de la ville, sous peine d’être envahi par des maladies épidémiques. La masse d’eau qui se répand sur la surface des 7 800 hectares qui sont enclos par les fortifications est énorme. En prenant des moyennes, on voit que l’eau distribuée à Paris en vingt-quatre heures représente 218 000 mètres cubes, et que la pluie tombée dans le même espace de temps équivaut à 106 000, ce qui fait 324 000 mètres cubes par jour, — un peu plus de 118 milliards de litres chaque année : un déluge !

Cette eau, contaminée par le contact avec nos rues, avec les toits couverts de poussière, avec nos murailles vêtues d’efflorescences de salpêtre, souillée, infectée dans les cuisines, les écuries et ailleurs, a perdu environ 20 pour 100 de la masse totale par évaporation ou par absorption ; mais il reste encore 262 000 mètres cubes quotidiens, dont il est nécessaire de nous débarrasser. Par les gouttières, par les éviers, par les conduites verticales dressées le long des maisons, elle a glissé dans les gargouilles aboutissant à la chaussée ; elle coule dans les ruisseaux, qui la mènent à une ouverture placée sous la marge des trottoirs ; par une pente rapide, elle s’y précipite et tombe dans un immense réseau de canaux souterrains, disposés scientifiquement selon la configuration du sol sous lequel ils se ramifient. Ceux-ci l’emportent grand train, pour la verser, loin de Paris, dans la Seine, qui la pousse à la mer. Ces canaux souterrains sont les égouts, complément nécessaire des aqueducs et des conduites d’eau, qu’ils abritent souvent contre la paroi des voûtes.

Comme le corps humain, les cités populeuses ont leurs organes secrets qui, pour être cachés, n’en sont