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que de l’administration municipale ; certaines places sont encore fort obscures, et l’on ferait bien d’y multiplier les candélabres ; l’absence de boutiques semble les condamner à une ombre perpétuelle, et l’éloignement de toute maison contribue à y entretenir l’obscurité. En effet, la lumière qui pénètre nos rues est bien moins directe que l’on ne croit ; elle est surtout réfléchie. Le point éclairant des candélabres frappant sur les murailles planes et blanches des constructions voisines est renvoyé par celles-ci sous forme de nappes lumineuses qui diffusent la clarté et en augmentent singulièrement l’effet. Toute lumière, pour être convenablement employée à des services généraux et publics, doit pouvoir s’éparpiller, se fractionner à l’infini ; sans cela, elle reste un foyer restreint, éclatant, mais impropre à satisfaire aux exigences d’une grande ville. Il en est ainsi de la lumière électrique : elle éblouit et n’éclaire pas ; dans bien des circonstances, elle peut être utilisée, mais on n’est pas encore parvenu à en faire un agent d’éclairage régulier.

Le gaz entre chaque jour de plus en plus dans nos habitudes domestiques ; avant cent ans, — si Paris vit encore, — il n’y aura si petite mansarde qui n’ait son bec lumineux et son robinet d’eau. Ce sera un grand progrès, mais on ne s’arrêtera pas là, on reconnaîtra que c’est un mode de chauffage économique et plus préservateur d’incendie qu’aucun autre ; il remplacera les fourneaux insupportables de chaleur que Paris installe dans ses cuisines trop étroites. Sous ce rapport et depuis longtemps, les Anglais nous ont montré ce qu’il y avait à faire. Presque tous les marchands de Londres habitent la campagne ; ils arrivent à leur boutique le matin, et le soir s’en vont dîner chez eux. Ils ont tous dans leur arrière-magasin un petit appareil à trois compartiments : avec une allumette, il est en feu ; dix