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de perles étincelantes dans les Champs-Élysées, était réellement féerique. C’était par millions alors qu’il fallait compter les « trous » par où le gaz poussait la flamme agile qui ressemble à une fleur d’or pâle sortant d’un calice bleu.

Croirait-on qu’à l’heure qu’il est, avec des usines outillées de main de maître et produisant un volume de gaz presque illimité, on trouve encore dans Paris le vieux réverbère, le réverbère graisseux, n’éclairant pas, pendu comme un malfaiteur et représentant le dernier vestige d’un âge oublié ? Pourquoi ce fossile de l’éclairage n’a-t-il pas été rejoindre les coucous, les porte-falots et les chapeaux Bolivar dont il fut le contemporain ? Que fait-il au-dessus de nos voies publiques ? il proteste en faveur d’un passé qui ne reviendra pas et n’a plus de raison d’être ; on peut s’étonner que le personnage important qui est chargé de la direction des travaux de Paris n’ait pas fait remplacer par des candélabres à gaz les 924 lanternes à huile dont nous étions encore sottement encombrés au 1er janvier 1873. Il y a progrès cependant ; au 1er mai il ne restait plus à Paris que 898 réverbères, auxquels il convient d’ajouter sept lanternes rouges fixées aux portes de sept commissaires de police et neuf réverbères suspendus dans les rues de l’Entrepôt des vins ; c’est encore un total de 914 qu’il faut se hâter de décrocher. En présence des sept millions et demi que la ville reçoit pour notre éclairage, Paris a droit au gaz jusque dans ses ruelles les moins habitées.

Nous ne profitons pas seulement de l’éclairage public, nous jouissons aussi pour une bonne part de l’éclairage des cafés et des magasins ; nos anciens boulevards, les passages, les galeries du Palais-Royal, quelques rues appartenant aux quartiers riches, reçoivent, jusqu’à dix ou onze heures du soir, plus de clarté des particuliers