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40 777 400 mètres cubes en 1855, — 116 171 727 en 1865, et 147 668 330 en 1872 ; en seize ans, l’augmentation est de 107 millions de mètres cubes. Pour envoyer cette énorme quantité de gaz sur le lieu même où il doit être employé aux usages publics et particuliers, il faut des conduites circulant sous le sol de Paris, suivant le trajet de toutes les rues, et pouvant recevoir les branchements des maisons riveraines. Cette canalisation, avec les ramifications innombrables qu’elle comporte, atteignait au 1er janvier 1873 le total de 1 132 022 mètres, et de 1 543 029, si l’on tient compte de 411 007 mètres de tuyaux qui, franchissant les fortifications, vont porter la lumière aux villages voisins[1].

La compagnie n’est pas libre de placer ses conduites où bon lui semble ; l’ingénieur éminent chargé du Paris souterrain lui indique le tracé qu’elle doit suivre. Bien des précautions sont à prendre que la théorie indique et que l’expérience a confirmées ; il faut éviter de se rapprocher des aqueducs et des conduites qui nous amènent l’eau, car on pourrait communiquer à celle-ci une saveur insupportable ; il faut s’éloigner des égouts, ne jamais profiter de cette grande route ouverte pour s’y loger, car il suffirait d’une fuite pour les remplir de gaz qui, s’enflammant au contact de la première lampe apportée par un ouvrier, ferait sauter tout un quartier. Les conduites de gaz doivent donc cheminer par une route particulière et isolée, de façon à donner aux accidents le moins de chances possible de se produire. Sous ce rapport, il n’y a pas à se plaindre : les explosions deviennent de plus en plus rares.

L’administration de la ville, qui tire parti de tout, et qui fait bien en présence des charges écrasantes qui lui incombent, n’abandonne pas son sous-sol sans profit :

  1. 1 400 000 mètres de ces conduites sont en tôle et bitume ; le reste, appartenant aux canalisations primitives, est en fonte.