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dant il est encore imprégné d’ammoniaque, élément mauvais pour la combustion et dont il faut le délivrer. On y parvient facilement en le poussant dans de grandes cuves en tôle fermées, où il circule à travers des claies couvertes de sciure de bois mêlée de peroxyde de fer qui se combine avec les produits alcalins et sulfureux, s’en empare et l’en débarrasse. Quand ce mélange est trop chargé d’ammoniaque, on l’étend au grand air, où il se revivifie et reprend les qualités épuratives qui lui sont propres. Cela sent fort mauvais, et Rabelais dirait : « Ça pue bien comme cinq cents charretées de diables. » L’inhalation de cette acre et pénétrante odeur a été très-recommandée pour les maladies de la poitrine ; ce fut la mode pendant un temps, et tous les enrhumés encombraient l’usine à gaz. Lorsque le peroxyde de fer est devenu tellement infect qu’on ne peut plus l’utiliser, on le livre à l’industrie, qui en fait du bleu de Prusse.

Le gaz est à point ; les goudrons, les eaux ammoniacales l’ont abandonné ; il est pur et prêt à nous éclairer. On en a fait l’essai : sous une cloche de verre qu’il remplit, on a suspendu une fiche de papier trempée dans une solution d’acétate de plomb concentrée ; le papier n’a pas bruni, donc l’épuration est complète. On en a mesuré le pouvoir éclairant : 100 mètres de gaz et 10 grammes d’huile fine de colza ont produit une lumière absolument semblable et ont été consommés dans le même laps de temps. Le gaz hydrogène carboné répond donc à toutes les conditions requises, il est conforme aux stipulations du cahier des charges imposé par la préfecture de la Seine et accepté par la compagnie ; il n’y a plus qu’à l’emmagasiner pour pouvoir le livrer régulièrement à la consommation publique. Franchissant une assez longue distance par des conduites enfouies sous terre, il pénètre dans les réservoirs qu’on a imaginés et construits spécialement pour lui.