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premier, et d’une façon magistrale, les moyens de le préparer, de l’épurer et de l’utiliser. Sa destinée fut celle de la plupart des grands bienfaiteurs de l’humanité ; il dota le monde d’une découverte admirable qu’on lui disputa, vécut pauvre et périt misérablement.

Le Bon était né le 29 mai 1767, prés de Joinville, dans cette partie de la Champagne qui devint plus tard le département de la Haute-Marne. Il avait trente ans et professait à Paris le cours de mécanique à l’École des ponts et chaussées, lorsqu’il imagina d’étudier la nature des gaz produits par la combustion du bois. Du premier coup, avec une sagacité réfléchie extraordinaire, il trouva le principe sur lequel la fabrication du gaz hydrogène carboné est fondée. Brûlant du bois en vase clos, il fit passer la fumée qui s’en dégageait à travers une nappe d’eau ; le liquide condensait immédiatement toutes les parties bitumineuses et ammoniacales dont la fumée était chargée, et laissait échapper un gaz pur qui, enflammé, donnait une vive lumière accompagnée d’une chaleur intense.

Il perfectionna ses moyens d’action, et le 6 vendémiaire an VIII (28 septembre 1799), il prit un brevet d’invention ayant pour objet « de nouveaux moyens d’employer les combustibles plus utilement, soit pour la chaleur, soit pour la lumière, et d’en recueillir les divers produits. » Comme combustibles, il indiqua le bois et la houille. Deux ans plus tard, — et ceci est fort remarquable, — le 25 août 1801, il demanda et obtint un certificat d’addition pour la construction de machines mues par la force expansive du gaz. C’est le principe de ce moteur Lenoir qui partout est utilisé aujourd’hui.

Le Bon s’était établi rue Saint-Dominique-Saint-Germain, dans l’ancien hôtel Seignelay, et y avait fait construire des appareils qu’il nommait thermolampes, car