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hauteur du premier étage des maisons[1]. L’éclairage n’était que temporaire, car l’on estimait qu’il n’y avait pas d’inconvénient à laisser Paris dans l’obscurité pendant les courtes nuits d’été. Ce ne fut point l’avis des bons bourgeois, qui en cette circonstance se montrèrent plus perspicaces et plus généreux que la lieutenance de police, que la prévôté des marchands et que le parlement lui-même. Si faible que fût la lueur des chandelles qui champignonnaient en brûlant au milieu des rues, elle avait suffi, le guet et la maréchaussée aidant, à diminuer le nombre des attaques nocturnes ; c’était une amélioration que les Parisiens avaient su apprécier avec gratitude.

Les rues étaient à peu près sûres pendant l’hiver ; mais, dès que le printemps arrivait, les coupeurs de bourses se remettaient en route, et chaque nuit on entendait crier à l’aide. En effet, les lanternes n’étaient allumées que pendant quatre mois, du 1er novembre au 1er mars ; c’était une économie fort mal imaginée. Les bourgeois firent requête sur requête pour obtenir que la ville fût éclairée toute l’année. On réunit en assemblée les notables des seize quartiers qui formaient alors les divisions municipales, et on les consulta. Au moment d’émettre un avis qui pouvait entraîner une dé-

  1. Une gravure du temps qui se vendait à Paris, chez N. Guérard, graveur, rue Saint-Jacques, proche Saint-Yves, À la reine du clergé ; C. P. R. (cum privilegio regis), représente l’allumage des lanternes ; j’en dois communication à l’obligeance de M. Amédée Berger, président de chambre à la Cour des comptes, qui possède une collection iconographique des plus précieuses sur l’ancien Paris. Le sonneur passe en agitant sa clochette ; un homme détache la corde, retenue dans une boîte de bois fixée à la muraille ; la lanterne, qui a la forme d’un baril, s’abaisse ; une servante y place une chandelle allumée, tandis qu’un enfant en prend d’autres dans un panier placé à terre. À côté flambe une rôtisserie. Un quatrain accompagne l’estampe :

    La sonnette a sonné,
    Abaisse ta lanterne ;
    Quoique l’usage en soit moderne,
    Il n’en est pas moins estimé.