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même si elle n’a été qu’entamée, sera payée cinq sous. Les porte-lanternes auront des lanternes à l’huile à « six gros lumignons » ; ils seront distribués par postes distants de huit cents pas les uns des autres ; on les payera à raison de cinq sous le quart d’heure quand on sera en carrosse ou en chaise, de trois sous lorsqu’on sera à pied ; ils auront une lanterne peinte au-dessus de leur poste en guise d’enseigne, et à la ceinture « un sable » d’un quart d’heure aux armes de la ville. Lorsqu’on les prendra, ils allumeront leurs mèches, recevront la taxe, retourneront leur sablier, et se mettront en marche. C’était encore là de l’empirisme ; ces lumières ambulantes ne donnaient guère de sécurité à la ville, et les porteurs assommèrent plus d’une fois les personnes qu’ils accompagnaient. On les employait néanmoins faute de mieux, et on les employa si longtemps, que nous les retrouverons au commencement du dix-neuvième siècle.

Le véritable promoteur de l’éclairage public à Paris fut le fondateur même de notre police urbaine, Nicolas de La Reynie. Lorsque le 15 mars 1667 il fut nommé lieutenant général de police, Louis XIV, qui savait à quoi s’en tenir sur l’état moral et physique de sa bonne ville, lui donna trois substantifs pour mot d’ordre : netteté, clarté, sûreté. Il y avait fort à faire pour remplir un tel programme dans une ville qu’on ne balayait jamais, qu’on n’éclairait pas, et que les voleurs infestaient. La Reynie y réussit pourtant dans une certaine mesure ; il prescrivit l’enlèvement des boues, il organisa des gardes de nuit, et créa un service d’éclairage régulier.

Il s’était hâté de se mettre à l’œuvre, car l’édit qui prescrit l’établissement des lanternes est du mois de septembre 1667. C’étaient des chandelles enfermées dans une cage de verre suspendue par des cordes à la