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seaux, qui sont écartés du corps par un cercle et qui sont garnis d’une rondelle de bois dont le but est d’empêcher l’eau de vaciller et de se répandre. Cette eau arrive des réservoirs et des conduites telle qu’elle y est entrée, chargée de sels terreux, grisâtre, trouble et peu ragoûtante à boire ; on n’en use guère, et les fontaines les plus fréquentées il y a trente ans, celle de la rue Saint-Honoré, celle de la rue de Grenelle, sont presque désertées aujourd’hui. L’abonnement et les fontaines marchandes sont pour la ville une source de revenus qui ne pourront que s’accroître avec le temps. Nous avons vu qu’au début du siècle le prix de l’eau vendue entrait dans le budget municipal pour une somme de 385 francs ; nous sommes loin de là à cette heure, et pour l’année 1872 le produit a été de 6 111 295 francs ; c’est un joli denier.

En dehors de l’eau que l’administration nous procure, il existe encore à Paris environ 30 000 puits particuliers qui ne servent plus à grand usage. Pendant le siège, comme on craignait de manquer d’eau, on en remit à peu près 20 000 en bon état ; les autres n’ont même pas été visités. Placés presque toujours à une profondeur et dans un voisinage compromettants, ils ne fournissent en général qu’une eau mauvaise et fréquemment souillée. Ils étaient fort nombreux jadis et ont dû être, dans bien des quartiers, une ressource importante, sinon unique. Dans les Cris de Paris, « achevé d’imprimer le cinquième jour de may mil cinq cent et quarante-cinq, » on trouve la preuve que les puisatiers parcouraient les rues en offrant leurs services à haute voix :

À curer le puys,
C’est peu de practique ;
La gaigne est petite,
Plus gaigner ne puis.

Ces puits subsistent, c’est tout ce que l’on en peut dire,