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vards et d’abattre la poussière qui s’y forme incessamment sous le pied des passants et des chevaux ; il existe pour ce seul objet deux systèmes de bouches d’eau qui, tout en concourant au même but, n’ont rien de commun entre eux. Il y a 2 818 bouches d’arrosement à la lance ; la disposition en est semblable à celle des bouches de lavage, mais elles sont munies d’un pas de vis pouvant s’adapter à un long tuyau que le cantonnier promène çà et là pour diriger où il convient le jet qui s’en échappe ; cela ressemble à un serpent monté sur roulettes. En outre, 100 bouches d’arrosement au tonneau permettent de remplir l’énorme tonne placée sur un chariot traîné par un cheval et qui laisse couler l’eau par une grille longitudinale percée de petits trous. C’est le vaste arrosoir portatif que l’on conduit dans nos grandes voies de communication, qui mouille indifféremment le terrain, les promeneurs, et dont on ne saurait se garer avec trop de soin. Ce n’est pas tout, il faut penser aux fiacres, à ces pauvres chevaux que l’on surmène, qui font un métier de damné, et qui bien souvent arrivent à « la place » haletants et mourants de soif ; 155 fontaines sont spécialement destinées aux stations de voitures et les chevaux peuvent se désaltérer à leur aise pendant que les cochers s’abreuvent chez le marchand de vin.

En Orient, lorsqu’un homme veut plaire à Dieu, il fait construire une fontaine, y attache un gobelet par une chaînette de fer et la voue aux voyageurs, à l’inconnu qui passe et qui a soif. Un étranger bienfaisant qui habite Paris a fait cadeau à sa ville d’adoption de cinquante fontaines, dont quarante isolées sont déjà en service, et dont dix, qui doivent être appliquées contre les murailles, ne sont pas encore placées. Il a offert le monument en fonte, qui est uniforme, et rappelle, quoiqu’il soit composé de quatre personnages, le groupe des trois Grâces que Germain Pilon avait sculptées pour