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couvrent 50 centimètres de terre gazonnée, — système excellent qui maintient l’eau à une fraîcheur salubre, très-peu sujette à l’influence des variations atmosphériques. On a fait à cet égard une expérience concluante. Le réservoir est resté plein pendant toute la période de l’investissement : on le gardait comme dernière ressource pour un en-cas désespéré ; la température extérieure a été très-froide et est descendue, le 24 décembre 1870 et le 5 janvier 1871, à 11 degrés au-dessous de zéro ; — celle de l’eau se maintint entre 12 et 6 degrés.

Un mur sépare le réservoir en deux parties égales et en fait ainsi deux bassins distincts, de sorte que, lors du nettoyage qui s’opère une fois par an, on ne les vide que successivement, pour pouvoir conserver toujours une provision d’eau suffisante. Je ne me lassais pas d’admirer ce travail colossal, mais je n’étais pas au bout de mes surprises. Mon guide alluma une lanterne, me mit une bougie en main, et, après avoir fait une cinquantaine de pas sur la large banquette qui entoure et domine la nappe d’eau, il s’engagea dans un escalier en maçonnerie. Je le suivais sans souffler mot, m’imaginant qu’il voulait me montrer quelque conduite directe ou quelque robinet de forme spéciale. Après avoir descendu quelques degrés, il s’arrêta. — Savez-vous où nous sommes ? — Non. — Dans le réservoir même de la Dhuis, que cet escalier traverse ; nous sommes au milieu de l’eau. — Où allons-nous donc ? — Voir la Marne, qui est au-dessous de nous.

Rien n’était plus vrai. Ce réservoir, — ces réservoirs ont deux étages : — au premier ils reçoivent la Marne, au second ils reçoivent la Dhuis : deux lacs superposés. Cette œuvre est unique. J’ai beau remonter dans mes souvenirs de voyages, me rappeler la citerne aux mille et une colonnes de Constantinople, le barrage de la