Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/257

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tembre, un détachement de cavalerie appartenant à l’armée qui poursuivit inutilement le 13e corps se présenta au premier regard de la Dhuis, à celui où la source même est captée. L’officier commandant rédigea un procès-verbal constatant que l’agent de l’administration française, incapable de résister seul à une compagnie de soldats, avait été contraint, par un cas de force majeure ; puis, aidé de deux de ses hommes, il leva la vanne de retenue, et la source fut précipitée au ravin, où elle retrouva l’ancien lit qu’elle parcourait autrefois. Les regards avaient seulement été comblés avec de la terre pour éviter qu’ils ne servissent de refuge ou d’embuscade à des francs-tireurs ; les gelées d’un hiver qui fut très-rude avaient fendillé çà et là quelques parties de l’aqueduc ; cela fut promptement réparé, et, le 18 avril 1871, la Dhuis nous revint par le chemin qu’elle doit à nos ingénieurs.

Sur la prairie, deux kiosques médiocres s’élévent, semblables à ceux où l’on vend des journaux le long des boulevards ; ils abritent un escalier en vrille qui aboutit au réservoir de la Dhuis. On descend, et l’on s’arrête stupéfait en présence d’un des plus imposants spectacles qu’il soit donné à l’homme de contempler. C’est le palais des eaux tranquilles, et cela dépasse de cent coudées tous les décors à grand spectacle où les féeries de l’Opéra entassent les naïades et les tritons. Un jour faible et gris, tamisé par les hublots, se répand sur l’immense nappe absolument immobile qui reflète, en les doublant, les piliers qu’elle baigne et la voûte qui la couvre. Ce réservoir a deux hectares, c’est-à-dire 20 000 mètres carrés de surface et cinq mètres de profondeur ; il renferme 100 000 mètres cubes d’eau équivalant à 100 millions de litres. C’est une forêt de piliers : je crois en avoir compté 624 ; ils soutiennent une voûte qui a 75 centimètres d’épaisseur et que re-